Palabre Divin

La Grosse Madame                                                                                                               Le Loup



Loup, où es-tu?
Je suis un loup sans tête,
je suis une tête sans corps,
rien ne me finit, j'ai perdu
et le chemin et le véhicule

Loup, où es-tu?
Je suis à côté,
partout ailleurs.
Comment habiter ce corps si inapte?
tout fuit,
on clignote
suspendu au vide,
mes envies aux alouettes.

Ces mots qui s'échappent,
il faut retenir l'attention.
Or l'autre est toujours ailleurs.
Rien ne retient que notre volonté d'être retenu.
Que me joues-tu?
Où suis-je, ici et là?
Où sont les mirages crépusculaires?
Où sont les fruits mûrs?
Le temps est incompris, là.
Mon immortel,
mon ardent.
Partout en toi
passe et s'écoule.
Dis moi, dis moi.
Ce trop plein,
ça déborde là
et c'est incompréhensible,
parce qu'il n'y a personne en face
pour soutenir ce que je lance.
Rien, ni personne
en face,
que mon imaginaire qui remplit tout l'espace
et qui ne dit rien que mon manque d'être, ici, maintenant.
Long et dur, le silence,
insurmontable.
Et la douceur des mots
non dits.
Servitude à l'imaginaire,
à nos images disloquantes
d'amour vrai.
Où le vrai?
Dans ces prouts?
Dans ces absences,
ces tours en rond,
ces mensonges d'éternel?
Je n'y suis plus,
je suis partie avec ma première trahison,
à l'infini,
aux collines de l'enfance,
des mots à personne.
Partout mon sang.
Partout les rivières.
Partout avec les liquides,
avec les dentelles
qui se dessinent encore.
Arborescences jusqu'à la mort.
Ça circule,
ça continue dans tous les sens
et ne fixe rien.
On tourne et on s'annule.
Reviens un peu,
ne rigole pas.
Des intersections impossibles?
Il faut encore recommencer.

Si ma clameur sonne,
si mon ventre se détendait,
si je respirais enfin à pleins poumons,
si je gardais :
gueule béante
trou noir
grand ouvert.

Je cherche mon calme,
mais partout cette fureur sourde.
L'absurdité m'aime.
Il y a sur les plafonds célestes des communications infinies.
Exactitudes divergentes.